L’indignité faite loi

Les conditions de vie des réfugiés aux frontières ou à l’intérieur de l’Union européenne sont indignes et cela ne s’arrange pas. En Libye, dans les îles grecques et maintenant dans les Canaries, ils sont parqués dans des conditions sanitaires et d’hygiène désastreuses, exposés aux intempéries et au froid qui vient, ainsi qu’aux mauvais traitements à l’occasion. 

Rien n’a changé, tout empire, tandis qu’il est discuté au niveau européen de mesures liant les réfugiés au contre-terrorisme islamique.

À Lesbos, le camp provisoire de tentes où les réfugiés de Moria ont été contraints par la police à se rendre après son incendie est appelé à être durable en dépit de transferts limités vers le continent. Malgré la situation précaire qui règne en Libye, ils sont conduits dans de véritables camps fournis par l’Union européenne quand ils sont récupérés en mer par les gardes-côtes libyens. C’est le cas de 11.000 d’entre eux depuis le début de l’année.

Dans l’archipel espagnol des Canaries où plus de 2.000 arrivées en provenance d’Afrique par bateaux ou par embarcations gonflables ont été enregistrées le week-end dernier, les réfugiés ne sont pas beaucoup mieux lotis, installés sous des tentes et dormant souvent à même le sol dans de mauvaises conditions d’hygiène dépourvus de toute assistance juridique. Les îles sont des lieux privilégiés de détention dans des conditions faisant fi de la dignité des personnes. 

L’Open Arms reste le seul navire affrété par une ONG encore opérationnel en Méditerranée, les autres étant bloqués en Italie sous des prétextes administratifs. Près d’une centaine de réfugiés ont péri noyés lors de deux naufrages au large de Libye. Combien n’ont même pas été repérés lors d’autres naufrages et n’ont pu être sauvés ?  

Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, est accusée de pratiquer des refoulements en mer Égée entre la Turquie et la Grèce, ce qui a été documenté sans équivoque par Der Spiegel

Au niveau européen, l’adoption d’une nouvelle politique migratoire piétine, l’asile initialement un instrument de protection humanitaire devenant un instrument de contrôle des migrations selon un détournement de sens. Les négociations à propos du respect de l’État de droit au sein de l’Union européenne battent leur plein, mais celle-ci les bafoue sans vergogne.

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